Difference between revisions of "Donarism: The Gift and Sharing Economy"

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La fin du communisme et du capitalisme

L’ère des civilisations communistes s’est effondrée avec le mur de Berlin en 1989. Les civilisations capitalistes ne seront pas éternelles non plus. Nos économies sont de plus en plus fragiles. L’accumulation démesurée de capital par une très faible partie de la population génère des tensions qui s’exacerbent de jour en jour. L’organisme Oxfam a fait beaucoup de bruit en publiant récemment deux avertissements qui sont sans équivoque quant à l’urgence de la situation.

Une poignée de riches possède plus que la moitié de la planète

D’abord Oxfam a calculé qu’en 2010, la richesse combinée des 388 personnes les plus riches de la planète, équivalait celle de la moitié la moins riche de la population mondiale, soit 3,5 milliard de personnes. La croissance des avoirs des plus riches a été telle au cours des 4 années suivantes, qu’en 2014 il ne fallait regrouper la richesse que des 80 personnes les plus riches pour obtenir l’équivalent de la richesse combinée des 3,5 milliard les plus pauvres [1].

1% plus riches que 99%

Ensuite, en projetant ses chiffres sur la croissance des avoirs des plus riches par rapport au reste du monde, Oxfam a calculé que la richesse combinée du 1% de la population des plus riches parmi nous, sera supérieure à celle combinée du 99% restant de la population mondiale, en 2016 [2].

Croissance et concentration de la richesse

Notre économie capitaliste repose depuis des siècles sur une croissance non-interrompue. Plusieurs voix s’élèvent aujourd’hui, même parmi les plus riches, pour sonner l’alarme. En effet, malgré les efforts louables de ce mouvement vers le « développement durable », nous sommes tout près d’atteindre les limites pratiques de cette économie basée sur la croissance de la consommation et sur l’accumulation de la richesse par un très petit nombre d’individus.

Le donarisme : l'économie de partage et du don

Les matriarchies proposent un système économique plus viable à long terme. Il s’agit de l’économie du partage et du don (ou « Gift Economy » en anglais). Nous le nommons « donarisme » (du latin « donare » : donner) par opposition aux autres systèmes économiques bien connus que sont le capitalisme, le communisme ou le socialisme. Le donarisme est d’abord fondé sur un partage équitable des ressources liées à la subsistance au sein de la population. Ensuite, les autres biens et services sont offerts sous formes de dons entre les membres de la communauté. Cela permet de tisser des liens durables entre les habitants.

S'offrir des cadeaux

Le fait d’offrir un bien ou un service sous forme de cadeau sans rien exiger en retour, est une technique de marketing très efficace, déjà couramment utilisée dans le commerce pour s’assurer la fidélité des consommateurs [3]. En généralisant cette approche à l’ensemble de l’économie locale au sein de la communauté, l’expérience des matriarchies démontre que ce système de circulation des biens et services basé sur le don, permet d’établir une authentique économie de développement durable et de saines relations entre les membres de la communauté.

Déjà une réalité au sein des TIC

Ce type d’économie du don existe déjà de façon très concrète au sein des TIC. Le monde du logiciel libre a instauré de façon efficace et généralisée un système de valeurs qui a permis de créer des relations basées sur l’estime que se portent les individus, ainsi que sur le prestige et la reconnaissance qui s’obtiennent lorsque certaines activités connaissent du succès [4].

Le partage équitable des moyens de subsistance

Par contre, le partage des moyens de subsistance est encore loin d’être une réalité dans nos riches sociétés. La pauvreté des enfants du Canada est une réalité que notre gouvernement avait promis d'éliminer en l'an 2000, pour le début du 3ième millénaire. Il y a toujours aujourd'hui un enfant pauvre sur 5 au Canada selon l'UNICEF et un sur 7 selon Statistiques Canada. Nous pouvons débattre de la plus représentative des 2 statistiques [5]. Mais au fond nous croyons qu'aucun enfant ni même aucune citoyenne ou citoyen mérite de ne pas pouvoir se loger, se vêtir et se nourrir convenablement. La pauvreté doit être éliminée immédiatement, pour tous.

Le revenu universel de citoyenneté

Nous avons évoqué plus haut la possibilité d'un revenu minimum garanti. La formule s'est raffinée au cours des dernières décennies. Plusieurs préfèrent parler aujourd'hui d'un revenu universel de citoyenneté [6]. La Finlande, la Suisse et les Pays-bas ont de sérieux projets d'implantation d'un revenu de base [7]. Le montant qui sera octroyé à tous sans condition varie beaucoup selon les propositions. Quelle que soit la formule qui sera retenue, celle-ci devra faire en sorte que plus personne ne se retrouve sous le seuil de pauvreté. Il doit s'agir de l’objectif minimal à atteindre.

Éliminer la pauvreté et l'isolement des enfants et des aînés

Dans notre société d'accumulation de biens, un nombre élevé de parents et d'enfants commencent leurs vies au sein d'une famille nucléaire isolée, sans pouvoir profiter d'un minimum d'encadrement, d'un logement aménagé convenablement et de ressources financières suffisantes. Justement au moment de leur vie où ils en auraient le plus besoin. On nous fait miroiter au bout de ce calvaire une retraite dorée, un rêve qui ne sourira pas à tous, loin de là. Trop de nos enfants débutent leurs vies dans un milieu précaire, alors que trop de nos aînés finissent la leur, pauvres et isolés.

Le plaisir d'offrir aux autres ce que l'on fait de mieux

Les matriages de la nouvelle matriarchie québécoise vont naturellement offrir de biens meilleures conditions d'encadrement et de logement aux jeunes enfants ainsi qu'aux personnes âgées. Mais au niveau des ressources financières, le revenu universel de citoyenneté est pour nous la première étape du donarisme économique. Toute la population sera alors assurée de pouvoir se nourrir, se vêtir et se loger convenablement. Avec la mise en commun de nos ressources et de nos énergies facilitée par les communications numériques, nous verrons éclore une multitude de nouveaux réseaux de circulation de biens et services offerts gracieusement. Ces nouveaux échanges économiques seront animés avant tout par le plaisir gratifiant de s'émanciper à travers ce que l'on fait de mieux, et que l'on peut offrir aux autres [8].

Le Québec bien outillé pour devenir le leader mondial de la révolution numérique

L'aviacratie politique, nos familles en matriage et le donarisme économique permettront au Québec de devenir le leader mondial de la révolution numérique (RN). L'ampleur et la stabilité géographique de nos familles permettront de développer notre civilisation plutôt que de l'étendre. À terme, nous pourrons ainsi mettre un frein à la croissance continue pour se concentrer à développer des moyens et des techniques plus efficaces afin de profiter de nos habiletés et de partager notre savoir.

Mettre un terme à l'étalement de nos populations

Les quantités effroyables d'énergies et de ressources qui sont actuellement englouties dans l'étalement de nos banlieues pourront enfin être investies dans des projets beaucoup plus emballants collectivement. Pensons par exemple à l'électrification des transports, à l'autosuffisance alimentaire, à la production locale et à la distribution d'énergies renouvelables, de même qu'à des performances artistiques plus originales et enlevantes que jamais.

Se protéger d'attaques ou de cataclysmes

Il faut ajouter un aspect extrêmement important concernant la RN. Celle-ci engendre des énergies produites localement et distribuées à l'aide d'un réseau point à point, exactement comme l'Internet. Or la technologie du réseau Internet a été à l'origine conçue par l'armée américaine, pour se prémunir d'une éventuelle attaque ennemie. En effet, à cette époque, il aurait suffit de cibler quelques points névralgiques d'un réseau de télécommunication alors centralisé, pour le paralyser complètement.

Notre réseau de distribution d'énergie électrique souffre aujourd'hui de la même faiblesse. Et deux menaces très présentes pèsent sur celui-ci : une catastrophe climatique et une attaque terroriste. Nous avons eu un avant-goût de ce grave risque ici même au Québec, lors de la crise du verglas en 1998. Par chance à l'époque, la tragédie a été évitée car les pannes prolongées ont été circonscrites à un périmètre relativement limité. Les communautés environnantes ont donc été en mesure d'organiser des secours efficaces pour la population en détresse.

Et si la crise du verglas avait eu une beaucoup plus grande envergure?

Il suffit toutefois d'imaginer ce qui pourrait survenir dans un avenir très proche, si le réseau électrique de tout le Québec était complètement paralysé pendant une très longue période. Cela pourrait survenir si le Québec entier (incluant nos voisins) subissait une catastrophe climatique d'une envergure beaucoup plus grande que celle de 1998, ce que nous annoncent d'ailleurs très sérieusement nos scientifiques. Ou si une attaque terroriste réussissait avec peu de moyens très bien ciblés, à paralyser complètement le réseau électrique sans qu'il soit possible de le remettre sur pied dans un délai raisonnable. Là aussi, avec les événements des dernières années, le sérieux de la menace terroriste n'a pas besoin d'être justifiée.

Un réseau d'énergie décentralisé grâce à la production locale et partagée

La grande qualité du réseau Internet est de permettre à l'information de circuler d'un point à un autre sans connaître d'avance le chemin qui sera emprunté. Il est ainsi pratiquement impossible d'empêcher la circulation de l'information sans détruire complètement le réseau.

Avec ses grandes familles matrilocales regroupées en matriages, dont les ressources seront stables et nombreuses, le Québec sera rapidement en mesure de mettre en place un réseau distribué de partage de l'énergie électrique. En effet, avec la baisse des prix et les gains en puissance anticipés, chaque famille sera progressivement en mesure de produire sa propre électricité localement. La matriarchie québécoise aura alors un moyen de remettre son réseau de partage d'énergie sur pied beaucoup plus rapidement en cas de catastrophe climatique [9]. En plus de décourager une quelconque attaque terroriste qui pourrait viser cette grande faiblesse.

Développer un savoir-faire technologique qui aura une grande valeur

En devenant le leader mondial de la RN, le Québec pourra ainsi expérimenter et mettre au point un savoir-faire technologique qui aura une grande valeur, pendant la transition du capitalisme au donarisme. Plusieurs entreprises technologiques québécoises, existantes ou nouvellement créées, pourront tirer profit de cette expertise, en l'offrant aux pays qui n'auront pas encore fait le choix de la matriarchie, et qui n'auront pas eu l'occasion de prendre autant d'avance que nous.

Des piliers économiques hors du commun

Nous pouvons aussi compter sur le mouvement Desjardins et la Caisse de dépôts et placements, deux grandes institutions financières du Québec, assez exceptionnelles au niveau international. Elles joueront un rôle extrêmement important dans la transition vers le donarisme économique, en servant de remparts face aux soubresauts économiques, provoqués par un capitalisme qui luttera ardemment pour ne pas perdre son hégémonie.

Un réseau électrique public prêt pour le partage

Même s'il faudra revoir des aspects fondamentaux de son fonctionnement hiérarchique et centralisé, il ne faut pas oublier non plus Hydro-Québec, qui est quand même déjà un leader mondial au niveau de la production d'énergie renouvelable. Son modèle d'organisation ne s'harmonisera pas sans heurt avec le maillage collaboratif qui s'imposera dans les années qui viennent. Cependant, le fait qu'il s'agisse déjà d'une société d'état pourra faciliter l'utilisation de son réseau, pour le partage et la distribution des nouvelles sources d'énergies locales.

La riche expérience de nos coopératives

Finalement la forme d'entreprise coopérative, pour laquelle Desjardins est un modèle incontournable et qui compte aussi plusieurs autres fleurons au Québec, est pressentie pour jouer un grand rôle dans cette RN. La nature même du modèle coopératif correspond directement à l'essence du mouvement collaboratif qui émerge. Les coopératives favoriseront le passage à cette nouvelle forme d'économie du partage qu'est le donarisme. Nous aurons par exemple besoin de réseaux de coopératives locales, régionales et nationales pour organiser la production locale et le partage de l'énergie et des aliments, pour la fabrication 3D d'objets divers et de bâtiments, ainsi que pour étendre et généraliser les transports collectifs et individuels électrifiés, sans oublier bien sûr une infrastructure universelle, libre et gratuite d'accès à un Internet sans fil.

Chapitre suivant : La transition vers la matriarchie moderne
Chapitre précédent : Les TIC et la 3ième révolution industrielle constituent des alliées de la matriarchie

Références

  1. « Les richesses de ces 80 individus sont désormais équivalentes à celles détenues par les 50% les moins bien lotis de la population mondiale. [...] un nombre de milliardaires toujours plus restreint au cours des cinq dernières années possèdent le même niveau de richesses que la moitié la plus pauvre de la population. En 2010, il s'élevait à 388 milliardaires; en 2014, il était de seulement 80 milliardaires. » (p. 4)
    Insatiable richesse : toujours plus pour ceux qui ont déjà tout, Rapport thématique d'Oxfam
  2. « En amont de la réunion annuelle du Forum économique mondial 2015 à Davos, Oxfam a calculé que l’an prochain, le patrimoine cumulé des 1 % les plus riches du monde dépassera celui des autres 99 % de la population. »
    Winnie Byanyima, Les 1 % les plus riches possèderont plus que le reste de la population mondiale en 2016
    Oxfam International
  3. « Le don de cadeaux a cimenté le tissu de la société humaine depuis des milliers d'années [...] Donner des cadeaux est maintenant un moyen privilégié par les corporations désirant se connecter aux consommateurs. » (traduction libre)
    Texte original : « Gift giving has been the interpersonal glue of human society for thousands of years[...] Gift giving is now catching on with brands as a way to connect with consumers. »
    Jim Taschetta, Why Gift Marketing Is the Next Big Thing
  4. « Une autre particularité de la culture du logiciel libre est sa pureté relative. La plupart des cultures du don sont altérées - soit par l'économie d'échange tel le commerce de produits de luxe, ou par des relations d'économie commandée tels les groupes familiaux ou claniques. Il n'existe pratiquement aucune analogie de ce genre dans le monde du logiciel libre; ainsi, il n'est virtuellement pas possible d'atteindre la notoriété autrement qu'en forgeant sa réputation auprès des pairs. » (traduction libre)
    Texte original : « Another peculiarity is the relative purity of the open-source culture. Most gift cultures are compromised – either by exchange economy relationships such as trade in luxury goods, or by command-economy relationships such as family or clan groupings. No significant analogues of these exist in the open-source culture; thus, ways of gaining status other than peer repute are virtually absent. » (p. 85)
    Eric S. Raymond, The Cathedral and the Bazaar : Musings on Linux and Open Source by an Accidental Revolutionary,
    O’Reilly Media, 2001
  5. « Une fois de plus, l'UNICEF a fait un bon usage de ce dispositif. En portant notre regard vers les autres, elle nous encourage à se regarder soi-même, et à se demander si les choses s'améliorent ou empirent selon nos normes de qualité de vie. Les chiffres significatifs de Statistiques Canada indiquent que le taux de pauvreté des enfants a en fait augmenté au cours de la récession, confirmant le fait qu'un engagement pris il y a 25 ans n'est toujours pas rempli. » (traduction libre)
    Texte original : « UNICEF has once again make effective use of that device. By forcing us to look at others, it encourages us to look more closely at ourselves, and ask whether things are getting better or worse according to the standards by which we live. The appropriate Statistics Canada numbers suggest that child poverty rates actually increased during the recession, and by implication that a commitment made 25 years ago continues to go unfulfilled. »
    Miles Corak, UNICEF gives Canada a passing grade, child poverty actually fell during the recession … or did it?
    Economics for public policy, 2014
  6. « Le revenu de citoyenneté a une vocation universelle. Il est évident que le remplacement des anciens programmes fait partie de l'objectif […] Pensons à l'aide sociale. En effet, tous les citoyens auraient un accès garanti aux biens premiers. Les programmes destinés à aider les parents seraient aussi remplacés puisque les enfants obtiendraient un revenu de citoyenneté dès la naissance. » (p. 79)
    Michel Bernard et Michel Chartrand, Manifeste pour un revenu de citoyenneté
    Éditions du Renouveau québécois, 1999
  7. « Ce revenu de base national remplacerait toutes les autres prestations, et serait versé à tous les adultes indépendamment du fait qu'ils reçoivent ou non un autre revenu. [...] La ville néerlandaise d'Utrecht prévoit également l'introduction d'un revenu de base [...] La Suisse envisage aussi l'introduction d'un revenu de base national. » (traduction libre)
    « ...this national basic income would replace all other benefit payments, and would be paid to all adults regardless of whether or not they receive any other income. […] The Dutch city of Utrecht is also planning to introduce a basic income [...] Switzerland is also considering introducing a national basic income. »
    Adam Boult, Finland is considering giving every citizen €800 a month
    The Telegraph, 2015-12-06
  8. « Aujourd'hui, la révolution du coût marginal zéro commence à affecter d'autres secteurs commerciaux. L'agent accélérant est une plate-forme émergente de technologie à usage général - l'internet des objets. La convergence de l'Internet de la communication avec l'Internet naissant des énergies renouvelables et avec l'Internet automatisant la logistique au sein d'un système interopérable intelligent, l'Internet des objets, donne lieu à une troisième révolution industrielle. [...] Des centaines de millions de personnes transfèrent déjà des morceaux de leur vie des marchés capitalistes vers les communaux collaboratifs mondiaux émergents, fonctionnant sur une plate-forme Internet des objets omniprésente. Le grand changement de paradigme économique est en marche. » (traduction libre)>br /> « Now the zero-marginal cost revolution is beginning to affect other commercial sectors. The precipitating agent is an emerging general-purpose technology platform – the internet of things. The convergence of the communications internet with the fledgling renewable energy internet and automated logistics internet in a smart, inter-operable internet-of-things system is giving rise to a third industrial revolution. [...] Hundreds of millions of people are already transferring bits and pieces of their lives from capitalist markets to the emerging global collaborative commons, operating on a ubiquitous internet-of-things platform. The great economic paradigm shift has begun. »
    Jeremy Rifkin, Capitalism is making way for the age of free
    theguardian / Economics, 2014-03-31.
  9. « Même si les transformateurs électriques brûlent, quand un Internet de l’énergie pleinement opérationnel est en place dans toutes les régions du pays, les collectivités locales peuvent sortir du réseau et continuer à produire leur propre électricité verte, à la partager sur de microréseaux avec leurs voisins et les entreprises proches, et à maintenir le courant et l’éclairage, du moins assez longtemps pour que la société fonctionne. » (p. 378)
    Jeremy Rifkin, La nouvelle société du coût marginal zéro
    Les Liens qui Libèrent, 2014